
Un jeune garçon de 17 ans, déjà connu des services de police, a retenu pendant plusieurs heures mardi 7 mai quatre femmes dans un bar-tabac PMU près de Toulouse. En garde à vue, il se présente comme le «bras armé» des «gilets jaunes».
Que sait-on du jeune homme qui a retenu en otages quatre femmes pendant plusieurs heures, dans l’après-midi du 7 mai, dans un bar-tabac PMU de Blagnac près de Toulouse? Après l’intervention du Raid, le forcené a libéré la patronne et les employées de l’établissement vers 20h, avant d’être interpellé vers 23h45. Arrivé vers 16h20 dans l’établissement, armé, casqué et muni d’une Go Pro sur le torse, il a tiré au moins deux fois en l’air pour intimer aux forces de l’ordre de s’éloigner.
Voici ce que l’on sait mercredi 8 mai de ce jeune homme, présenté comme «fragile» par les autorités.
» LIRE AUSSI - NOTRE DIRECT - Blagnac: les dernières otages libérées, le forcené interpellé
● La «branche armée» des «gilets jaunes»?
Selon le témoignage de Sarah, la responsable du bar PMU, sur RTL, le jeune homme s’est présenté aux otages comme «la branche armée des gilets jaunes». «Il s’attaquait à un bar-tabac PMU parce que c’était un lieu très taxé, il voulait une France égalitaire», a-t-elle dit à la radio. Elle précise toutefois que le garçon n’a pas été «trop désagréable» avec elle et ses employées, bien qu’elle ait été «menacée et ligotée». Le jeune homme a permis aux otages de joindre leurs proches par téléphone pour les rassurer, mais aussi de boire et de se restaurer.
» LIRE AUSSI - Prise d’otage à Blagnac: la responsable du bar PMU parle
Yanis D. - c’est son nom - a filmé son action et l’a diffusée en live sur Facebook: «J’ai été recruté par une milice (...)», déclare-t-il dans une vidéo partagée depuis sur les réseaux sociaux. «C’est une milice armée, qui cherche juste à ce que l’État soit plus juste (...). Les actions prochaines seront à la Bastille, Paris (...) Je suis pas un terroriste, je fais juste ça pour que les gens vivent mieux».
● Un profil de petit délinquant
Le procureur de Toulouse, Dominique Alzeari, a apporté quelques éléments sur l’identité du preneur d’otage. Yanis D. est un Blagnacais du quartier populaire Bélisaire. Majeur en juin prochain, il présente un profil de petit délinquant local: il est en effet connu du commissariat de Blagnac pour une demi-douzaine de faits de «violences, recels et dégradations de biens publics» commis dans l’agglomération toulousaine depuis l’âge de 13 ans. Mais l’adolescent a aussi été interpellé à Toulouse pour «participation à un attroupement en vue de commettre des violences ou des dégradations» le 15 décembre dernier, jour où se tenait une manifestation des «gilets jaunes». «Ce n’était pas non plus quelqu’un de classé comme dangereux», a précisé le procureur.
● Fragilités psychologiques
Le jeune homme de 17 ans semble présenter des fragilités psychologiques. Lors d’une perquisition effectuée à son domicile, un mot intitulé «testament» a été retrouvé, dans lequel il semblait«assez dépressif», selon le procureur de la République. Dans ce mot écrit sur un cahier d’écolier dans un français approximatif, voire phonétique, le garçon se dit préoccupé par une maladie - vraisemblablement, un problème cardiaque -, et lègue des biens à sa mère. Les policiers se sont d’ailleurs un moment inquiétés de l’issue de la prise d’otage, évoquant un risque suicidaire. Dans ce «testament», l’adolescent fait aussi «une allusion au mouvement des ‘gilets jaunes’, mais en assurant que l’acte qu’il voulait commettre n’irait pas au-delà de cette démarche finalement un peu spectaculaire», a dit le procureur.
● Fasciné par les armes de type «airsoft»
Sur son profil Facebook, désactivé depuis, on découvre que Yanis D. jouait au rugby. Selon La Dépêche du Midi, des photos datées de 2014 le montraient souriant avec des copains, à la patinoire, sur une luge avec une jeune fille... Son profil témoigne aussi d’une fascination pour le paintball et les armes de type airsoft - répliques d’armes à feu propulseurs de petites billes en plastique. Son intérêt pour les «gilets jaunes» semble récent: ce n’est qu’en février qu’il intègre virtuellement le groupe toulousain du mouvement, initié en novembre. Son activité au sein du groupe est quasi inexistante.
Lors de l’intervention de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) à son domicile, son père aurait confié à la police qu’il ne comprenait pas la situation et que selon lui son fils aurait «pété les plombs».
● Garde à vue
Les enquêteurs s’interrogent maintenant sur les motivations réelles du jeune garçon: son passage à l’acte est-il nourri «par un mal-être, des revendications politiques, ou les deux»?, confiait mardi soir au Parisien une source proche des investigations. L’enquête devra aussi déterminer où l’adolescent s’est procuré son arme de poing. Yanis D. est actuellement en garde à vue. Elle peut durer 48h. Selon le procureur de la République, il pourrait être rapidement déféré au parquet. Il encourt jusqu’à 5 ans de prison.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/prise-d-otages-a-blagnac-le-profil-du-suspect-les-questions-qui-se-posent-20190508
2019-05-08 09:13:50Z
52781556470527
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Prise d’otages à Blagnac: le profil du suspect, les questions qui se posent - Le Figaro"
Post a Comment